Yoga & Peanut Butter

Faire face à la dysmorphie corporelle

Reconnue dans la littérature et études scientifiques, la dysmorphie corporelle, trouble dysmorphique du corps, dysmorphophobie, ou Body Dysmorphic Disorder (BDD) est un trouble de l’image du corps rencontré chez de nombreux patients atteints notamment de TCA. On le retrouve aussi chez des individus non concernés par les TCA mais ayant des préoccupations corporelles entraînant une insatisfaction avec leur propre image et des conséquences non négligeables dans la vie quotidienne.

Il est normal qu’on se préoccupe de temps en temps de son apparence, et certains d’entre nous peuvent être plus obsédés que d’autres. L’humain est une espèce sociale, et en effet, se juge et se compare aux autres plus facilement en fonction de l’apparence, gestes, comportements. 

Ceci amenant à dégrader l’estime de soi. Chez certaines personnes, ces préoccupations sont si excessives et graves qu’elles deviennent un trouble. Même si le mouvement Body Positive a vu le jour pour lutter contre ces pensées négatives sur l’apparence physique, la dysmorphie dorporelle est de plus en plus répandue, conséquence d’une société portée sur l’image du corps, les injonctions à la beauté, aux régimes minceurs et autres méthodes impactant la santé mentale et physique des individus. Allant jusqu’à créer des TCA

Dans cet article, on fait le point sur le sujet de la dysmorphie corporelle et on vous explique comment le yoga intervient comme outil pour faire face à la dysmorphophie et retrouver une meilleure estime de soi et confiance en soi.

Qu’est-ce que la dysmorphie corporelle ?

Définition et caractéristiques de la dysmorphie

La dysmorphophobie était, jusqu’à la fin des années 1980, un syndrome mal défini, sans traitement reconnu. Le terme a ensuite été remplacé par « Body Dysmorphic Disorder » traduit par « peur d’une dysmorphie corporelle » en Français, qui représente aujourd’hui une maladie à part entière, et bien définie.

La dysmorphie se caractérise donc par une préoccupation anxieuse concernant un défaut physique, imaginaire ou très léger, disproportionnée d’avec son objet et responsable d’une souffrance ou d’un handicap significatifs. 

C’est un trouble mental reconnu depuis la quatrième édition du « Diagnostic and statistical manual of mental disorder » (DSM). La traduction française officielle « Peur d’une dysmorphie corporelle » (PDC) peut prêter à confusion car les patients atteints de BDD ne craignent pas d’avoir un défaut corporel mais en sont convaincus.

Le BDD apparaît dans la catégorie des troubles Obsessionnels-Compulsifs, avec l’existence de comportements compulsifs suite à des pensées obsédantes et répétitives concernant un défaut physique imaginaire.

Statistiques sur la dysmorphie

En termes de chiffres, la prévalence de la dysmorphie dans la population générale est estimée entre 0.7 % et 2.4 % (Faravelli et al., 1997 ; Koran et al., 2008). Le trouble dysmorphique se retrouve autant chez les hommes que chez les femmes (Phillips et Diaz, 1997) et se développerait habituellement au cours de l’adolescence ou du début de l’âge adulte (Phillips, 1991). Sans traitement adapté, son évolution est en général chronique (Phillips et al., 200S). 

Comprendre la dysmorphie corporelle

La dysmorphie corporelle est un trouble de l’image apparu il y a plusieurs décennies maintenant. Mais celui-ci est d’autant plus d’actualité avec les injonctions à la beauté induite par la société actuelle. Le culte du corps, de l’apparence physique, les photos retouchées, filtres et réseaux sociaux qui utilisent le corps et l’image comme des objets. 

Mais aussi l’hypersexualisation du corps des femmes. Ceci amène à des croyances limitantes, des environnements personnels et professionnels toxiques, et un rapport à soi complètement transformé et impacté créant des désordres psychologiques graves.

Malgré toute la douleur et la souffrance que peut causer la dysmorphie corporelle, les causes et son existence sont souvent sous-estimées. 

Ceci pour de nombreuses raisons, la plupart des personnes atteintes de dysmorphophobie :

– sont convaincues qu’elles ont vraiment de graves défauts et imperfections, au lieu de reconnaître qu’il s’agit d’une perception erronée.

– peuvent se sentir honteuses, coupables, gênées d’avoir leurs symptômes et n’osent pas en parler autour d’elles. Ceci renforce encore plus le trouble et ses effets néfastes.

– peuvent craindre d’être jugées négativement par les autres en raison de leurs pensées, bien souvent les proches ne vont pas comprendre. 

– peuvent consulter des professionnels de la santé pour d’autres problèmes (anxiété, stress, troubles alimentaires, TOC, anxiété sociale), sans se rendre compte que c’est la dysmorphie qui est à l’origine de ces symptômes et qui peut en fait être le problème principal à traiter.

Certains individus iront même jusqu’à consulter des dermatologues ou des chirurgiens plastiques pour tenter d’éliminer leurs imperfections, s’exposant ainsi aux risques d’une intervention médicale et de chirurgie plastique. Alors même que cela n’aide généralement pas à se sentir mieux. La chirurgie ou les méthodes de traitements esthétiques ne traitent que l’apparence et non pas les soucis sous-jacents. 

Pour recevoir par email nos derniers articles, inscrivez-vous à notre newsletter.

Comment reconnaître la dysmorphie corporelle

Nous sommes nombreux à être préoccupés par notre physique, notre apparence, notre image. La société fait que désormais, la question du corps, l’esthétique, le physique que l’on a devient central et omniprésent. 

Mais comment savoir si on souffre de dysmorphie corporelle, et combien sommes-nous réellement à souffrir d’une réelle dysmorphophobie corporelle ?

Pour reconnaître les symptômes généraux d’un trouble dysmorphique du corps, on peut se poser ce type de questions (issues d’une étude du Massachusetts General Hospital) : 

  • Vous vous souciez beaucoup de votre apparence ?
  • Considérez-vous qu’une ou plusieurs parties de votre corps sont particulièrement peu attrayantes ?
  • Passez-vous beaucoup de temps à réfléchir à votre (vos) défaut(s) ? Au moins une heure par jour ?
  • Vos problèmes d’apparence interfèrent-ils avec votre travail ou votre vie sociale ?
  • Vérifiez-vous souvent votre apparence dans les miroirs ou faites-vous en sorte de les éviter ?
  • Demandez-vous souvent aux autres de vous rassurer quant à votre apparence ?
  • Vous dépensez beaucoup d’argent en maquillage, en cosmétiques, pour camoufler vos “défauts” ?
  • Vous comparez souvent votre apparence à celle des autres ?
  • Est-ce que vous vous grattez la peau ou d’autres habitudes d’auto-mutilation ?
  • Avez-vous subi une ou plusieurs opérations de chirurgie esthétique ?

Imaginez ce que serait la vie si vos réponses n’avaient pas été majoritairement oui à ces questions. 

Pour guérir d’un trouble dysmorphique, il existe des services et accompagnements spécialisés. Il y a de l’espoir et la possibilité d’en sortir pour éviter des conséquences trop importantes et destructrices.

Les conséquences de la dysmorphie corporelle sur la vie quotidienne

La dysmorphophobie, ou BDD « Body Dysmorphic Disorder » implique des préoccupations à caractère anxieux pour un défaut physique imaginaire ou très léger.  Ces préoccupations ont des retentissements majeurs sur l’existence de la personne, à la fois d’ordre psychologique, physique mais aussi social ou sous forme de comportements compulsifs importants.

Les répercussions psychologiques

Les pensées anxieuses dûes à la dysmorphie corporelle se caractérisent par des pensées obsédantes concernant le(s) défaut(s), son existence, son importance, les conséquences négatives, la manière de parvenir à ce qu’il disparaisse, la façon de le camoufler en attendant. Les patients sont en général incapables de lutter contre, et ne peuvent s’en détacher. 

Leur durée est variable et doit être de minimum une heure pour pouvoir parler de BDD reconnue. Elle peut atteindre 3 à 8 heures par jour dans les cas les plus graves.

La dysmorphie corporelle est une maladie qui impacte la vie quotidienne sans laisser de répit. Les pensées associées aux conséquences physiques sont de l’ordre du sentiment dépressif, de la tristesse, l’anxiété, la honte, ou d’autres sentiments douloureux et profonds.

Les impacts sur la santé physique

Le ou les défaut(s) physique(s) en cause du trouble est qualifié d’imaginaire ou léger car il existe une disproportion entre l’importance des préoccupations et la réalité dudit défaut. Les individus le considèrent comme “répugnant”, “dégoûtant”, “honteux”. Il peut s’agir de n’importe quelle partie du corps, le plus souvent il s’agit de parties visibles, ou de zones du corps propices aux complexes qui diffèrent selon le sexe.

Les hommes sont plus soucieux de leurs cheveux, musculature, taille, et parties génitales tandis que les femmes auraient plus de regard sur leurs hanches, fesses, jambes, cuisses (reflets des diktats et injonctions à la minceur induites par la société).

Les effets sur la vie sociale

La phobie sociale est une des conséquences les plus récurrentes de la dysmorphie quant à la vie sociale. En effet, la dysmorphophobie constitue une réelle souffrance et un mal être envahissant, si bien que l’individu est plongé dans un isolement social. Il reste dans l’évitement, la fuite et le repli. Ceci a donc également des répercussions sur la vie personnelle, professionnelle et scolaire et peut alors mener à des conséquences encore plus graves.

Comportements compulsifs

Il s’agit de comportements répétitifs et excessifs en réponse aux sentiments douloureux générés par les préoccupations liées à l’apparence physique. Les comportements compulsifs ont pour but de diminuer l’angoisse, et peuvent prendre 3 à 8 heures par jour. On distingue différents types de comportements : qu’ils soient liés à l’existence et à l’évaluation du défaut, ou ceux visant à solutionner le problème esthétique :

  • Comportements de comparaison à autrui, de vérification dans le miroir (ou surfaces réfléchissantes, vitres de voitures, vitrines…), de regards et consultation répétée, d’évitement des miroirs, de mise en beauté. Le miroir occupe une place primordiale dans la symptomatologie de la dysmorphie corporelle pour scruter, analyser les parties spécifiques du corps.
  • Comportements de camouflage : vêtements, posture, maquillage vont servir à dissimuler le défaut.
  • Comportements recherchant une correction ou une suppression du défaut : le « skinpicking » (le curage de la peau), les « autochirurgies » ou mutilations plus dangereuses, le bronzage superficiel excessif. Aussi le recours récurrent à des professionnels spécialistes comme les dermatologues, les chirurgiens esthétiques pour des interventions et opérations.

Au vu des conséquences parfois délétères et graves, il paraît indispensable d’accorder une attention toute particulière à ce trouble de la dysmorphie corporelle tant sur le plan diagnostique, médical que sur le plan thérapeutique. Il s’agira de pouvoir développer un accompagnement adapté, un travail axé sur le corps et penser la relation corps-psychisme tout au long de la prise en charge. 

Le yoga comme outil pour faire face à la dysmorphie corporelle

Le yoga et le rapport au corps

Comprendre les causes de son mal et de ce trouble de l’image du corps est une des premières étapes à cocher pour avancer vers la guérison et se libérer de ces pensées obsessionnelles. L’idée étant d’aller, petit à petit, vers un regard plus apaisé, une relation plus douce avec son corps et son reflet, et parvenir à l’amour de soi, en remettant le corps à sa juste place.

Comprendre que le corps est certes, central, mais il ne doit pas obstruer la vision de ce que nous sommes, à savoir : des corps, un mental, une âme. 

Le yoga permet de se centrer, de se reconnecter à soi avec bienveillance et amour mais aussi de dépasser l’obsession du physique. Il en va d’une libération, d’un détachement sain qui permet au corps d’être pleinement là et à sa place mais surtout au mental d’être plus apaisé, et de permettre au Soi de s’exprimer pleinement. 

Le yoga apporte une vision du physique libératrice et dénuée de jugement, de contrôle, de comparaison et de pensées négatives. Il apporte auto-compassion, mouvement, écoute, douceur, et lenteur pour faire la paix avec son corps, avec son être et juste être, simplement. On retrouve une plus grande estime de soi et confiance en soi par la voie spirituelle et la plus originelle qu’il soit.

Aussi, vis à vis de la pratique du yoga, il est important d’avoir un rapport détaché du corps et de sa sollicitation. En effet, il est question de ne pas le pratiquer qu’à travers les asanas, exclusivement. Car avec les postures, cela peut venir axer la pratique sur le corps. Et ici l’objectif est de s’en détacher et de se concentrer sur d’autres éléments : la respiration, la concentration de l’esprit.

Être le corps, pleinement, mais pas que. 

Les bienfaits de la respiration pour réduire l’anxiété et le stress

Le stress est une des grandes causes de nos comportements et réactions quotidiennes. La dysmorphophobie n’en fait pas exception. L’anxiété et le stress participent à la survenue du trouble dysmorphique, et forment un cercle vicieux puisque la dysmorphie corporelle crée à son tour du stress et de l’anxiété à la vue de son corps. Dans notre article “Yoga anti stress : faire du yoga pour diminuer le stress et l’anxiété”, on vous donne quelques clés et exercices pour parvenir à libérer le stress et retrouver le calme intérieur. En pratiquant Nadi Shodhana Pranayama, qui est enseignée dans la Session 10 de la méthode Yoga and Peanut Butter, on apaise le corps et l’esprit et on se dirige vers un état idéal pour entrer en méditation. 

Le pouvoir de la méditation pour calmer l’esprit et se connecter au corps

Notre corps est unique, et c’est très bien ainsi. La morphologie, la fameuse, contre laquelle on ne peut pas lutter, ou encore le poids physiologique qui est propre à chacun, tout ça fait partie d’un travail à réaliser, pour réussir à soigner l’image, la tête et le corps. La méditation est un outil utile pour calmer l’esprit et le feu mental. Revenir à soi par la concentration, l’apaisement, l’immobilité, le flottement. La Session 12 de la méthode Yoga and Peanut Butter propose de poser ses limites, être pleinement soi et ne pas s’attacher au résultat, au regard des autres. Un apprentissage et mise en pratique, le tout guidé par Alexia Michel.

Les postures de yoga pour améliorer la perception de son corps

Le corps n’est pas un objet destiné au regard et à la comparaison vis-à -vis des autres.

Il nous permet d’être, de faire, de créer, d’avancer, de marcher, de danser, de manger, de partager, de jouir, de sourire.

Il serait juste de reprendre possession de soi, pour sortir de ces injonctions et « idées préconçues » dont on ne se rend même plus compte.

S’octroyer le plein pouvoir de laisser exister son corps, sans le juger, sans le scruter. Et l’écouter. Boire quand on a soif. Manger quand on a faim. Crier si l’envie nous en dit.

Le yoga permet de déformater son regard, de se rendre compte que rien n’est difforme, moche ou gros. Et à travers des asanas, se prouver à soi et à soi seule, qu’il est bon de se traiter quoi qu’il arrive comme une amie, une âme-sœur, une gardienne, une déesse.

Parce que se relier à son corps c’est lutter contre toutes les violences qui nous en ont coupé auparavant. C’est se défaire de son propre jugement, de sa destruction, et de la haine de soi.

Le yoga et ses asanas sont une bonne chose pour revenir à soi mais cela peut être problématique car il sera encore et toujours question de corps au centre. 

Il est alors important de se détacher de cette pratique corporelle et d’aller plutôt vers du pranayama, de la méditation, une conscience des sens et des sensations, la pratique du silence…

Elles permettront de toucher d’autres corps, nos autres enveloppes justement qui ont d’autant plus besoin d’attention et d’amour. Venir équilibrer les koshas et sortir du seul kosha physique : Annamaya kosha. 

Pour faire face à la dysmorphie corporelle, l’essentiel est alors d’être dans l’intention, de chercher de l’aide, des moyens, des outils pour ne pas rester seule dans sa souffrance physique et mentale. 

D’autres moyens peuvent être mis en place comme la psychothérapie, l’accompagnement et soins d’un TCA (en cas d’anorexie mentale, la renutrition est une étape fondamentale dans le processus d’acceptation du corps). Ces nombreux outils amènent vers plus de bien-être, renforce l’estime de soi. Et ceci ne dépend pas de notre enveloppe mais bien de notre façon de voir, d’interpréter, de sublimer notre parcours de vie et ses obstacles. Aimer et voir son corps pour ce qu’il est, pleinement et infiniment nôtre !

Pour recevoir par email nos derniers articles, inscrivez-vous à notre newsletter.

À propos de l’auteur

Manon Facon

On a tous quelque chose à dire, à montrer, à crier, à partager. De mon côté, j’écris. Parce que, quoi de mieux que le pouvoir des mots pour exprimer ses émotions, ses envies, ses passions ? C’est ma mission de chaque jour. Produire des contenus qui deviennent des lectures. Celles qui marquent et qui restent dans les esprits et les écrits.