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“Reflet” : Le nouveau court métrage Disney sur la dysmorphophobie corporelle

Terminé les princesses et contes de fées habituels chez Disney, depuis quelques années sur les écrans on voit des héroïnes et princesses de couleur, à lunettes, aventurières, et aux corps formés, loin des standards de beauté trop ancrés et filiformes. Avec ce nouveau court métrage Reflet, il est question des corps, et de la société, la vraie, non édulcorée.

Bianca, étiquetée comme étant en “surpoids”, pratique la danse classique, va se retrouver complexée par son image. Heureuse de pratiquer sa passion et de s’entraîner pour un ballet, elle est finalement rapidement confrontée aux regards des autres, et croisant quotidiennement son reflet dans les miroirs de la salle de danse, son apparence devient un complexe grandissant et problématique. On découvre une Bianca en « guerre » contre son propre reflet, une simple idée qu’elle se fait de son corps. Ça nous parle un peu cette sensation, non ?

Dysmorphophobie corporelle : image de soi déformée et refoulée

La dysmorphophobie corporelle késako ?

La dysmorphophobie est un trouble largement répandu chez une majorité de personnes, le rapport au(x) corps étant désormais une vraie problématique sociétale et générale. Dans un monde qui a, pendant des années, travaillé à nous convaincre de l’existence de codes, de lignes, et « corps normaux » , il n’est pas étonnant qu’il soit à ce jour récurrent d’entendre des paroles négatives et jugeantes sur nos propres apparences et corps face aux miroirs. Des discours parfois haineux, des regards fuyants, la dysmorphophobie règne en maître dans les pensées et relations à soi et à son reflet.

Près des yeux, loin du corps

Ici dans le dessin animé Disney, la jeune héroïne Bianca est justement atteinte de dysmorphie corporelle, ou dysmorphophobie, ce fameux trouble obsessionnel caractérisé par le fait d’être obsédé par des défauts physiques (imaginaires) et exagérés perçus dans son apparence et son reflet de soi-même. Un complexe à grande ampleur qui va jusqu’à poser problème dans sa vie quotidienne, sociale, et son rapport à soi et aux autres.

Bianca, cette petite fille du court métrage Reflet, comme beaucoup d’entre nous, se bat contre elle-même, contre son propre reflet, ses pensées et démons, parce que notre société, les idéaux et discours de diet-culture lui ont fait croire qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez elle. L’idée et l’image qu’elle a de son corps ne sont pas en phase avec les modèles de beauté qu’elle a appris, vu, croisé et accepté depuis toujours. A ces yeux, à nos yeux, nous ne nous plaisons pas, car nous ne correspondons pas aux standards, à la “normalité”. Nos yeux, notre regard se retrouve flouté et faussé contre notre volonté et , ceci nous éloignant toujours plus de notre corps, de notre confiance en nous, de sa relation et rapport à soi, physiquement mais aussi moralement.

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Des générations de princesses au fil du temps

Les nombreuses années de créations et représentations en images et films animés des personnages aux silhouettes parfaites, corps longilignes de princesses et princes musclés ont laissé des traces marquantes et marquées dans les pensées et idéaux construits chez les spectateurs et récepteurs des créations.

Dès la première génération avec Blanche-Neige, Cendrillon ou Aurore, l’amour et le premier baiser était leur principale aspiration. L’attente passive du prince pour finalement tomber sous son charme lorsqu’il viendra délivrer la princesse. L’incarnation de “sois belle et tais-toi” était à son apogée derrière les images et scènes de contes de fées. Ces princesses ont reflété l’image que la société se faisait de la femme à l’époque, belle, douce, lisse, rêveuse de l’homme fort et beau qui viendra la sauver et subvenir à ses besoins dans une belle histoire d’amour. 

La deuxième génération, Pocahontas, Mulan, Ariel, Jasmine, voit des princesses plus indépendantes, émancipées, et plus fortes qui défendent leur destin, choisissent leur vie et leurs relations.Toujours aussi jolies, on remarque l’apparition de personnages de couleurs, aux origines diversifiées. Marquant un tournant vers la diversité et un sujet sociétal d’actualité.

L’industrie du film et des médias a contribué et a continué dans cette voie, à construire de nombreux modèles corporels, affectifs , nous menant à croire aux princesses parfaites et merveilles de l’amour. 

Il était grand temps de briser les tabous et de créer des protagonistes étant les reflets de la « vraie » société. Aussi divers en corps, en couleurs, en genres, en cultures et en amour ! 

Un nouveau tournant plus réaliste

La troisième et dernière génération actuelle avec les nouvelles héroïnes Viana, Raiponce, Elsa et Ana, et les courts métrages tels que Reflet se dirigent réellement vers une volonté d’aborder les questions de diversité. Ces dernières années Disney a sorti plusieurs films représentants la variété culturelle, ethnique mais aussi esthétique ! Dans la continuité, Reflet apporte ce regard plus axé sur la vision qu’on a de son corps. Peut-être de manière “trop” maladroite, l’accent étant justement mis sur le corps et les complexes ressentis, alors qu’il serait justement plus naturel que de donner au corps, un rôle moins important, ne pas faire de lui le principal protagoniste sur lequel les regards sont tournés. Un complexe ou défaut n’en devient plus un, lorsqu’il est fondu dans un ensemble, dans une multitude de corps, de visages, de formes et d’apparences, tous aussi différents et uniques.

Avec un clin d’oeil au mouvement du body positive, rappelant que tout corps est acceptable, beau et aimant quelque soit son histoire, sa taille, forme, couleur ; ce court métrage s’axe sur la dysmorphophobie, et nous questionne sur comment avoir une relation saine à son corps et à son image, comment vaincre la dysmorphie, quelque soit l’âge et le corps qu’on a pour s’accepter et s’aimer ?

Dès le plus jeune âge, les enfants absorbent, comprennent et retiennent ce qu’ils voient et entendent. Intégrer l’estime et l’acceptation de soi et des autres devrait désormais être le B.A-BA. Ceci passant par ces animés emplis de sincérité.

Comment vaincre la dysmorphophobie corporelle ?

Mieux vivre dans et avec son corps 

L’objectif de soigner et traiter la dysmorphophobie est d’apprendre à vivre et à être bien avec son corps et dans son corps. Ceci, peu importe l’idée que vous vous vous êtes construit de votre apparence ou la manière dont vous pensez que les autres vous voient.

Il s’agit ici de la dimension «cognitive» du traitement de libération de la dysmorphie. En effet, il y a dans ce trouble, une souffrance qui provient majoritairement de la manière de percevoir et d’interpréter nos obsessions et les peurs qu’elles impliquent et que l’on subit.

Pour réussir à avancer vers un mieux-être, développer de la bienveillance, de l’amour, être moins négligent envers soi, envers son corps, et reprendre confiance en son apparence, voici quelques conseils à appliquer à votre rythme : 

  • Travailler ses points forts. Waw T’as la classe habillée comme ça !” Plutôt que de rejeter automatiquement les compliments reçus, , dites-vous qu’il est possible que les autres aient au moins un peu raison. Et continuez de soigner ce détail qui vous va bien et vous fait du bien.
  • Prendre soin de soi. Plutôt que de vous laisser aller, vous pouvez décider de prendre soin de vous, peu importe les défauts physiques que vous pensez avoir. Accordez-vous du temps, du plaisir, de l’attention, de l’espace, de l’air, de la douceur. Votre corps et vous, méritez le meilleur dans cette vie. 
  • Ne plus se rabaisser verbalement ou physiquement. Nous sommes tous humains, nous avons tous des défauts, et des qualités. Ceux-ci ne font pas de nous des êtres détestables. Chacun fait avec ce que la vie lui a donné et ça ne doit pas empêcher de vivre, s’aimer et s’accepter pleinement à chaque instant. 

L’image de soi et l’estime de soi

Vous vous sentez peut-être moche, moins beau, et il y a peut-être des imperfections que vous êtes absolument incapable de supporter, de tolérer. Mais rappelez-vous que c’est précisément cela qui impacte justement le quotidien et empêche de vivre avec estime et amour de soi et de son corps.

En fait, c’est presque normal, le fait d’aimer pleinement son apparence est plutôt rare. Cela concerne une minorité de personnes. La plupart des gens ne sont pas satisfaits de leur apparence et pourraient faire la liste de tous leurs défauts si la question leur était posée.

Rares sont les personnes qui ont une parfaite image d’eux-mêmes, ou qui trouveront leur apparence parfaite. Mais ceci ne veut pas dire qu’ils ont un rapport négatif et mauvais avec leur corps. On peut ne pas se trouver parfait physiquement, lister les défauts qu’on apprécie pas sur son corps. Mais comme la plupart des gens, on vit avec ses imperfections, elles font partie de nous, et constituent notre personne. Qui on est, et comment on est.

Une des raisons pour lesquelles nous ne sommes pas heureux de notre apparence vient du fait que nous ne nous voyons pas de la même manière que nous voyons les autres. Quand nous regardons les autres, nous les voyons en tant que ce qu’ils sont : des êtres humains en entier. On ne regarde pas seulement le nez mais on voit le visage comme un ensemble.

Alors que, au contraire, lorsqu’on se regarde soi, on se concentre facilement sur certaines parties très précises de notre corps. Celles qui nous dérangent, nous déplaisent, nous complexent. Et qui deviennent des obsessions.

Pour vaincre la dysmorphophobie, il est utile d’aller vers un changement de sa perception de soi-même. Mais,quand elle implique des obsessions et de l’anxiété, ça n’est pas si facile. Apprenez à vous regarder, à vous considérer, à vous parler comme vous le feriez avec un proche, un ami, un être cher à votre cœur. Car nul autre ne peut vous connaître mieux que vous même, vous chérir et vous estimer mieux que vous même. Notre corps, notre soi, notre enfant intérieur a besoin de cet amour, cette douceur et cette estime. Plus on s’estime, plus on s’apprécie et plus on accepte qui on est, comment on est. Construire ce cercle vertueux, merveilleux pour un regard plus heureux.

Body positivisme ou ode à l’acceptation de soi grâce à Disney ?

Était-il vraiment nécessaire de faire un court métrage sur une petite fille atteinte de dysmorphie corporelle ? D’accord on est loin des images de princes et princesses, on aborde les questions de troubles mentaux. L’idée de départ est bonne, mais c’est peut-être un peu maladroit d’avoir précisément ciblé le sujet sur l’apparence de Bianca. Finalement, ce corps qui s’écarte des stéréotypes de beauté des ballets et qu’il faudrait accepter ; il est surtout ici encore l’objet de tous les regards. L’idée de la normalité et de la liberté de TOUS les corps sera gagnée lorsque des héroïnes aux corps pulpeux ou longilignes incarneront Cendrillon, Blanche neige ou Bianca en toute indifférence et sans critères.

Si Reflet est une ode à l’acceptation de soi qui enseigne aux enfants l’estime de soi, la confiance sans se comparer ; c’est aussi un rappel des valeurs du body positivisme, mais là encore, il est relié avec le « surpoids » d’une jeune fille. Problème ? Oui. Rappelons quand même que ce courant du body positive s’adresse à toutes les femmes, et non pas qu’aux corps plus « gros ».

Alors Reflet, un pas de plus vers la diversité oui, mais encore en chemin pour intégrer la célébration de tous les corps et de toutes les femmes, sans étiquette.

Attention spoiler alert et happy ending à la sauce Disney : Bianca, la jeune danseuse va parvenir à apaiser son mal-être et passer outre ses complexes en dansant et en célébrant son corps et son apparence !

Si vous souhaitez en savoir plus sur le body positive, nous vous invitions à consulter notre article “Body Positive, le yoga pour tous les corps”.

manon faucon

À propos de l'auteur

Manon Facon, Rédactrice Web et contenus. 
 
Passionnée par l’écriture et les mots sur papier ou écran, je prends plaisir à écrire, produire et faire sourire les lecteurs d’articles de domaines qui me sont familiers, sensibles et variés. Chaque sujet me fait partir à la conquête d’un lecteur qui se laissera porter par le cœur avec un titre accrocheur, et le guider pour l’informer, le toucher par les mots simples mais beaux.