
La nourriture calme, réconforte, renferme autant de colère que de joie, traduit des émotions, des envies, en dit long sur nos personnalités, cultures et nos souvenirs. La comfort food fait partie de notre quotidien. Car au-delà d’être essentielle pour vivre, la nourriture est un moyen de se réconforter.
La comfort food peut avoir une connotation négative dans les pensées et les discours. Mais il est important de distinguer ses sens et de comprendre en quoi elle fait partie intégrante de nos vies. A distinguer de l’alimentation émotionnelle, consommer des aliments réconfortants n’est pas forcément négatif. Voyons pourquoi il est inutile de lutter contre la comfort food, en quoi elle peut devenir une alliée si la relation à la nourriture est saine et apaisée, et comment les émotions et le yoga interviennent dans notre rapport à l’alimentation.
La comfort food, le réconfort dans l’assiette
Qu’est-ce que la comfort food ?
Le dictionnaire d’Oxford, définit la comfort food comme “un aliment qui procure une consolation ou un sentiment de bien-être, ayant généralement une teneur élevée en sucre ou en glucides et/ou étant associé à l’enfance ou à la cuisine familiale.”
Preuve que le réflexe de réconfort alimentaire dépasse les cultures, les frontières, et que la nourriture nous rassemble comme une façon, si ce n’est d’exprimer pleinement nos émotions, au moins de les engloutir avec un réel Il s’agirait d’abord d’un procédé chimique.
A en croire les spécialistes de nos organismes, chaque bouchée déclencherait la sécrétion de l’hormone du bonheur dans un cerveau ronchon. De quoi soulager un peu notre humeur maussade, et donner envie d’y revenir plus souvent pour se consoler encore.
Les aliments réconfortants sont ceux qu’une personne associe au plaisir, au souvenir et à la satisfaction, et ils ont bien souvent une forte teneur en gras, en sel et en sucre. Mais ceci n’est pas toujours vrai. La comfort food prend de nombreuses formes et natures, et peut très bien être un ingrédient ou plat « sain », pour peu qu’il soit rattaché à un souvenir, à une émotion qui nous fait écho positivement.
Finalement quand on recherche dans la littérature scientifique, on se rend compte qu’il existe de multiples définitions de la comfort food, et que la relation qu’on entretient avec la nourriture en général a une influence sur notre façon de la percevoir (positivement ou négativement).
Souvent rattachée à l’idée de « manger ses émotions », la fameuse alimentation émotionnelle sur laquelle justement nous avons rédigé un article : Comprendre l’alimentation émotionnelle et comment y faire face ? ; la comfort food est à nuancer et n’est pas uniquement malvenue et négative. Si tant est qu’on ait une relation apaisée, saine et fluide avec la nourriture et avec ses émotions et son corps.
Les distinctions dans l’alimentation réconfortante
Nous savons grâce aux articles précédents, que les émotions cachent une mécanique bien ficelée, et les effets du stress en sont nombreux. Aussi, on sait qu’il est bon de contrer ce stress néfaste pour commencer et que le yoga s’avère être un outil privilégié et adapté. Parce que, associé à ces éléments, la comfort food peut aussi avoir des conséquences psychophysiologiques.
Une étude* a permis de distinguer la comfort food selon des catégories :
*Locher J. et al., « Comfort Foods: An Exploratory Journey Into The Social and Emotional Significance of Food », Foods & Foodways, 2005.
- Nostalgique : elle est directement en lien avec la mémoire, les souvenirs, notamment ceux de l’enfance. Il s’agit par exemple de la soupe de légumes ou des petites pâtes alphabet que l’on va vouloir manger lorsque l’on est malade parce que c’est ce que préparait notre maman.
- Réconfortante : c’est celle qui est la plus répandue et imaginée lorsque l’on parle de comfort food. Fortement dosée en sucre et gras, elle est utilisée comme une récompense ou un lot de consolation, une compensation qui réconfortent. Cela s’explique d’ailleurs très bien par l’effet du sucre et du gras sur l’organisme, qui viennent notamment stopper la propagation du cortisol, la fameuse hormone du stress. Aussi, la dopamine et sérotonine sont créées par ce processus et procurent une sensation de plaisir certaine, une régulation des émotions.
- Pratique : il s’agit de ces aliments qu’on dégaine rapidement, la pizza à glisser au four, la livraison en deux clics, le burger à faire chauffer au micro-ondes à même la boite…
- Réconfortante d’un point de vue physique : ici, on pense au chocolat chaud après une randonnée d’hiver (ou une soupe avec ses petits croûtons ça fonctionne aussi !). Les textures ont toute leur importance, tout comme l’effet sur le corps.
De nombreux cas de figure existent et chacun de nous à déjà été ou est exposé à la comfort food dans sa vie, et pourquoi pas finalement, si elle est consommée avec joie, justesse, conscience et sans impact sur la santé physique et mentale.
Ces tendances au recours à de la comfort food n’échappent pas aux publicitaires, industriels. Depuis les années 1970, la société et l’agroalimentaire associent cette comfort food à l’idée de bonheur, de moments de partage en famille, de rires, de simplicité, de praticité.
Et c’est OK…mais il ne faut pas oublier qu’il y a des dérives et problèmes parallèles à cette alimentation réconfortante, surfant plutôt vers de l’alimentation émotionnelle excessive.
Tendances banalisées et vues comme « normales » alors qu’elles peuvent conduire à des comportements alimentaires dangereux, des troubles de conduites alimentaires comme la boulimie ou l’hyperphagie boulimique.
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La comfort food, le poids des émotions
Les limites et excès de l’alimentation réconfortante
La diversité des aliments proposés et l’intensité de la sollicitation de la part des acteurs de l’industrie agroalimentaire et marketing obligent les consommateurs à s’autodiscipliner quand vient le temps de faire les choix alimentaires.
S’ils veulent faire les meilleurs choix pour leur santé, tout en répondant à leurs besoins émotionnels, cela peut se compliquer. Surtout lorsqu’on est sujet à des problématiques avec l’alimentation.
Vouloir éviter les « excès » et leurs conséquences déplaisantes demande à choisir la raison parmi l’éventail d’aliments ou de produits qui risquent de pousser à la surconsommation. On retrouve malgré tout (trop) souvent des aliments gras, sucrés, ou les deux ensemble.
C’est justement ces derniers qui favorisent ce sentiment de « réconfort », mais ce sont eux qui peuvent être à l’origine de la survenue de soucis de santé physiques et mentales. On aime ces aliments car ils nous procurent du plaisir gustatif et émotionnel mais on peut les détester car leur consommation crée de la honte, culpabilité, obsession et souffrance lorsqu’ils sont consommés en excès, de manière habituelle, chronique et pathologique.
La comfort food devient dangereuse lorsqu’on en arrive à ces comportements de frénésie alimentaire plus du tout sains ni « normaux » amenant aux TCA.
Mais la comfort food c’est aussi des aliments qui peuvent être considérés comme réconfortants sans pour autant être (trop gras), sucrés. Lorsqu’on est cloué au lit, grippé, trouver refuge et réconfort dans un dîner coquillettes-jambon-gruyère constitue finalement un repas tout à fait équilibré. A partir du moment où la relation avec son assiette est saine, sans excès, sans pensées parasites liées à la nourriture, et qu’on sait varier son alimentation pour répartir les apports, la comfort food peut nous être positive.
La Comfort food nous veut aussi du bien
L’alimentation réconfortante n’est pas seulement négative, elle fait partie intégrante de notre quotidien finalement, et il est bien préférable de la considérer, d’apprendre à bien vivre avec, plutôt que de chercher à la bannir, à l’éviter, à la haïr, qui pour le coup créerait de la restriction, frustration et seraient justement source de TCA ou comportements problématiques.
Un dessert, un plat, un goûter plein de saveurs familières qui nous fait l’effet d’un câlin dès qu’on sent les effluves ou qu’on croque une bouchée. On a souvent apprécié la bonne cuisine, mais il y a certaines situations qui appellent à déguster des recettes qualifiées de doudou. Certes pas toujours des mets très raffinés mais véritablement rassurants.
Souvent, il s’agit de plats mijotés avec amour et tendresse par des proches, ou qui correspondent à un moment clé de l’enfance, des vacances, d’un événement célébré, d’instants aussi délicieux sur les papilles, dans le cœur que dans la tête.
Les plats chaleureux, le sucre caramélisé, le beurre noisette, le croustillant du gratin de chou fleur, la nourriture pleine d’amour, ça nous réconforte, c’est une évidence ! Ça évoque des souvenirs agréables, un goût qui va nous remémorer des instants et en même temps il comble notre palais.
La comfort food, considérée simplement et sans problématique alimentaire, nous donne du plaisir et permet de ressentir des émotions positives et bénéfiques.
Et puis, c’est tout à fait normal d’avoir envie de manger parfois des aliments qui nous réconfortent, qui nous apportent une certaine dose de bonheur mais aussi de nostalgie ou de souvenirs. Ça fait du bien au cœur et à la tête. Nous sommes humains, pas des robots !
Il va de soi en revanche, que la comfort food n’est pas un mode d’alimentation quotidienne et exclusive. Cela s’accompagne d’une alimentation équilibrée, saine, naturelle et dépourvue de pensées parasites. La comfort food en excès, même sans souffrir de TCA peut s’avérer être problématique et source de complications pour la santé physique et/ou mentale. La modération est alors la clé également en ce qui concerne les plaisirs alimentaires. Rien n’est poison si consommé avec équilibre, conscience et mesure.
Le langage des émotions à travers le corps et l’alimentation
Trop souvent on se focalise sur la nutrition sans prendre en compte les émotions et les causes psychologiques qui nous mènent vers un rapport difficile à la nourriture. De l’autre côté, on se focalise sur le côté psychologique sans se questionner sur l’état nutritionnel de la personne en souffrance.
Certains aliments ont la capacité de produire des neurotransmetteurs dans notre cerveau qui sont liés au plaisir et à l’humeur.
C’est le cas des aliments liés à des souvenirs passés. « Si, enfant, vous avez été nourri avec certains aliments par vos proches qui ont pris soin de vous, ces aliments vont être associés au sentiment d’être pris en charge, cajolé, soigné. Puis, en vieillissant, la nourriture elle-même suffit à déclencher ce sentiment d’appartenance.*
Le langage des émotions à travers la nourriture se fait aussi à travers le corps, les organes. On reconnaît un lien entre les organes, les émotions mais aussi certains moments de la journée. Ceci questionne alors notre mode de vie, de pensées, de faire mais aussi le langage alimentaire selon son langage émotionnel :
“Quelle est la place de la nourriture dans notre vie ? Comment est-ce que je la considère ? Comment je vis les choses et comment je l’utilise pour répondre à mes émotions ressenties ? “

On le sait, le stress a un impact considérable sur les habitudes alimentaires. En effet, plusieurs études** ont déjà prouvé que le stress est associé à une augmentation des apports alimentaires, notamment en ce qui concerne les aliments plus riches en sucre et graisses, ces derniers procurent une satisfaction hédonique immédiate.
L’anxiété, le stress peuvent être des facteurs jouant un rôle important dans les TCA, les problèmes de poids comme l’obésité, et étant quasiment omniprésent dans notre société, cela pourrait expliquer l’augmentation mondiale de personnes souffrant de surpoids, de troubles alimentaires et de santé mentale.
*The Atlantic Shira Gabriel, professeure associée de psychologie à l’Université de l’Etat de New York.
**Gibson, 2012 ; McEwen, 2008, in Qi et Cui, 2019.
Comprendre ses émotions : la comfort food pour le plaisir sans subir
Prendre le temps de re-sentir les émotions
Lorsqu’on est submergé par ses sensations, émotions, par le stress continuel, les choses ne se font pas rapidement ni facilement. Il y a besoin d’un temps de familiarisation et d’intégration pour y voir plus clair, que ce soit physique mais aussi mental. Parce que, déceler les messages du corps peut prendre beaucoup de temps et d’énergie. D’autant plus lorsque le quotidien et la société nous emporte dans toute autre chose que l’écoute de soi.
Pour aller plus loin sur le sujet des émotions, consulter notre article Arrêter de manger ses émotions.
Pour prendre le temps de se reconnecter à soi et à ses émotions des outils et méthodes peuvent vous y aider :
- La cohérence cardiaque : L’outil va agir directement sur le stress, la respiration, le mental (parmi de nombreux bénéfices). A pratiquer de une à trois fois par jour, et si possible aux mêmes heures quotidiennes.
- La respiration : On va ici prendre conscience du rythme de sa respiration lorsque celle-ci est naturelle et se concentrer sur chaque inspiration, expiration. Ressentir le souffle, les sensations procurées.
- La méditation : Pour se reconnecter à soi profondément, lâcher prise et l’emprise, laisser passer les émotions sans faire barrage ni évitement.
- Le yoga et ses postures : Pour favoriser l’ancrage, l’équilibre et libérer les blocages émotionnels. Les asanas sont à pratiquer avec prudence et accompagnement. La méthode Yoga & Peanut Butter est ainsi un outil bienvenu dans ce cheminement.
La connexion corps-esprit
Nos corps jouent un rôle important dans nos expériences, nos perceptions et nos comportements spontanés. Prendre soin de nos corps et prêter attention à leurs signaux corporels, apprendre à les comprendre et à ne pas les négliger est favorable à notre santé mentale à long terme et à notre équilibre psychologique et émotionnel au quotidien.
De nombreux états corporels peuvent induire des émotions négatives, la faim, la fatigue, la douleur ou l’inflammation…ces états peuvent être mieux gérés grâce à un apprentissage cognitivo-comportemental.
Apprendre et retrouver la connexion corps-esprit permet de se reconnecter à ses sens, ses sensations, ses émotions et ainsi ressentir. Prendre le temps de lire ce qu’il se passe en nous, comprendre les mécanismes pour ensuite agir de manière adaptée et sans précipitation ni augmentation du stress ou d’un énervement. Et ceci donc sans forcément céder à la comfort food de manière immédiate et non réfléchie.
Renouer avec l’alimentation et la comfort food grâce au yoga
L’alimentation et le yoga sont reliés et, associés ensemble, font des merveilles sur l’aspect physique et mental. Dans le contexte de l’alimentation réconfortante, avec le yoga il est possible de retrouver un plaisir et une relation saine à l’assiette, à ses envies, à ses émotions, à ses souvenirs délicieux.
Laisser le stress loin de nous et apprendre à renouer simplement avec soi.
Plus de 4 000 études scientifiques ont été menées afin de déterminer les effets du yoga sur le stress.
Il a été mis en avant que le yoga permettait d’agir sur le cercle du stress en contrebalançant les effets délétères. Et cela prouve qu’il y a un réel bénéfice à intégrer le yoga plus régulièrement pour mieux gérer ses émotions et renouer avec l’alimentation qui lui est associée.
La comfort food est aussi multiple et différente que le nombre d’humains sur terre. Le point commun, c’est qu’elle semble booster notre moral comme jamais. Elle peut être bénéfique lorsqu’elle est abordée sans pensées limitantes et parasites dues à des troubles alimentaires par exemple.
Comme le yoga, l’alimentation réconfortante permet :
- De créer du lien, partager,
- Affirmer une appartenance (à sa famille, sa région, sa culture…)
- De ressentir du plaisir
- De raviver des beaux souvenirs
- De donner, de recevoir, de transmettre
- De choisir (refuser, accepter, changer d’avis)
- De s’exprimer dans ses goûts, dans sa générosité, son amour, sa personnalité
- De travailler sur ses émotions, sensations, ressentis.
- D’être en santé physique et psychologique.
La comfort food aide à retrouver calme lorsqu’il y a besoin. Elle n’a rien de maléfique, on l’utilise pour l’effet qu’elle crée chez soi, tel un outil, en l’absence de solution alternative express, à portée de main et saine. L’objectif du yoga est alors de permettre de cheminer vers une pratique qui pourra amener un apaisement immédiat, un réconfort et l’équilibre émotionnel.
Il s’agit avec le yoga de rester dans la compassion envers soi-même, de se réapproprier des connaissances et des pratiques, de rebattre les cartes pour sortir d’une cage dans laquelle on est peut-être enfermé, bloqué, dans ses comportements alimentaires excessifs.
Clôturons ainsi cet article avec ces mots justes de Jacques Vigne « on fait comme on peut et on peut peu ». Car, l’essentiel est de comprendre, transformer, cheminer dans les plaisirs de la vie.
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À propos de l’auteur
Manon Facon
On a tous quelque chose à dire, à montrer, à crier, à partager. De mon côté, j’écris. Parce que, quoi de mieux que le pouvoir des mots pour exprimer ses émotions, ses envies, ses passions ? C’est ma mission de chaque jour. Produire des contenus qui deviennent des lectures. Celles qui marquent et qui restent dans les esprits et les écrits.