
« Violence », voilà un bien grand mot !
Et pourtant, la poursuite de l’objectif idéal laisse souvent place, tel un revers de médaille, à des pensées obsessionnelles et dévalorisantes constituant ce que je trouve être une « douce violence quotidienne ». Et clairement, les personnes qui souffrent de TCA n’y échappent pas.
En effet, la recherche de votre propre perfection, lorsqu’elle est une réponse à l’insécurité, à la peur, à une croyance limitante, est biaisée car elle est vaine. Elle est justifiée et peut être comprise, mais elle ne répare pas le problème initial et constitue une illusion … à la récupération de l’estime de soi, de la confiance en soi, un obstacle.
Voici un exemple de schéma mental courant : « Si j’arrive à atteindre ce poids-là, alors tout sera possible. » Ceci est très comparable à une pensée magique. Quelle hâte j’ai que vous réalisiez combien vous êtes d’ores et déjà cette magie et que tout est possible ! Car, pour en avoir fait l’expérience : l’objectif n’est jamais atteint, même lorsque le poids sur la balance est le « bon ». Le développement de la dysmorphie corporelle toujours plus grand en validant le propos.
L’effet calmant de la nourriture
Pour faire face au stress et à l’anxiété de la situation, il est vrai que la nourriture peut avoir un réel effet calmant, immédiat, ou donner une impression de contrôle (de cette même situation). Vous ne vous trompez pas ! Elle fait tampon, d’où les crises de compulsion alimentaire qui permettent de trouver un peu d’apaisement.
Il peut être question de crises de boulimie, médicalement considérées comme telles, mais aussi de prise plus importante de nourriture, qui seront vécues comme des crises par la personne concernée, ou encore de privation totale de nourriture pour « faire face ». Cela rend possible le cercle addictif de compulsion, restriction alimentaire.
Je décris rapidement un mécanisme qui est beaucoup plus complexe, mais le manque d’estime de soi y devient souvent central. Dans tous les cas, il y a un dérèglement quelque part. Et par exemple, il est intéressant de constater que, lorsqu’il y a une privation de nourriture, le corps ne fait pas la différence entre privation volontaire et involontaire.
Et même si vous tentez de lui expliquer la démarche de privation, la volonté de perte de poids, de lui répéter que votre plan est bon pour lui… il fera comme il peut pour vous protéger de ce qu’il considère comme étant de la famine.
Ensemble, avec le mental et avec leurs langages propres, ils tentent de contrer la difficulté, de vous protéger, de revenir à l’équilibre. Ils sont de votre côté, 24 h/24, mais vous les considérez de fait comme des ennemis, des étrangers. J’ai beaucoup entendu cela d’ailleurs : « Mon corps ne m’écoute pas. » En effet, il n’écoute pas dans ce sens-là, ce qui peut apparaître comme étant confrontant, frustrant, énervant. En situation de conflit avec soi-même, reflet du dérèglement, les petites victoires et échecs s’enchaînent tout autant que l’effet yo-yo sur la balance, émotionnellement et dans l’humeur.
Et si vous arrêtiez de croire ce que vous pensez ?
Au final, c’est la sensation d’échec qui prend le dessus et qui entache l’estime de vous-même, la confiance en soi. Les pensées dévalorisantes deviennent au fil du temps un filtre puissant. Elles prennent tout l’espace, ne permettent pas le discernement, bloquent la prise de conscience de qui vous êtes vraiment, un être bien plus lumineux que vous ne pouvez l’imaginer et y croire… depuis votre premier souffle !
Il s’agit d’un point largement partagé auprès de toutes les personnes ayant un rapport compliqué à soi et à l’alimentation, qu’il y ait un trouble de la conduite alimentaire ou pas. D’où l’importance de soulever le sujet de l’estime de soi. Les pensées, paroles et actions dévalorisantes deviennent une habitude, voire une vérité. Peut-être que vous ne les voyez même plus d’ailleurs. En somme, vous croyez être ce que vous pensez.
Et la difficulté à changer est aussi grande que la croyance est forte. Comprendre cela permet d’établir des attentes justes vis-à-vis du changement et d’avoir plus de chance de le voir se réaliser. Ces pensées apparaissent dans bien des situations de votre quotidien et volent la seule réalité possible qui est celle de l’ici et maintenant. Elles transportent votre attention dans l’univers de vos croyances limitantes, et de là découle la façon dont vous vivez les divers événements, et de fait, votre vie. Vous pensez que cela est exagéré ? Pas si grave ? Pas si prenant ?…
Laissez-moi vous donner des situations que l’on m’a rapportées et dans lesquelles le mental vampirise potentiellement de la même manière votre présent, avec des pensées dévalorisantes :
• Au réveil, lorsque vous réalisez que vous n’avez pas suivi votre plan de repas la veille au soir.
• Dès lors que vous croisez un miroir ou que vous vous pesez.
• Quand vous tombez sur une vieille photo de vous.
• Quand vous vous projetez ou que vous êtes en maillot ou en sous-vêtement.
• Lorsque vous croisez une personne que vous trouvez mieux que vous.
• Lorsque vous faites vos courses et que vous « craquez » sur un produit interdit.
• Quand vous faites du shopping, que vous essayez des vêtements.
• À la fin d’un repas.
• En tenue de sport.
• À la simple vue d’une partie de votre corps…
Certes, vous pouvez vivre avec ces pensées mais elles sont comme des boulets que vous traînez, qui deviennent de plus en plus lourds avec le temps. Un poids qui me semble, dans bien des cas, bien plus important à considérer que celui qui est affiché sur la balance. Mais surtout, un poids dont vous pouvez vous séparer.
Voyons maintenant quelles sont vos pensées plus exactement.
Anxiété corporelle, pensées perturbatrices… mais sur quoi exactement ?
Car voilà, vous êtes sûrement déjà au fait que vous n’aimez pas trop votre corps…mais ne serait-il pas bon de creuser un peu ?
Voici un exercice très simple mais tout aussi utile concernant la prise de conscience des pensées perturbatrices et de leurs poids. C’est aussi ça le yoga : aller plus loin dans la prise de conscience de soi-même, éviter le déni, avancer sur le chemin de l’harmonie.
C’est parti !
• Prenez un instant, fermez les yeux, respirez.
• Laissez venir naturellement les pensées perturbatrices les plus récurrentes pour vous.
• Plongez-vous dans votre propre quotidien, observez-vous de loin.
• Maintenant, imaginez votre vie, votre quotidien et la relation à vous-même sans ces pensées perturbatrices.
• Est-ce que vous ressentez leur poids ? Est-ce que vous percevez la possibilité d’un allègement ? Listez maintenant les pensées en question (celles qui vous polluent et que vous avez vues s’envoler dans ce court exercice).
Le fait de les écrire permet d’en prendre davantage conscience dans votre quotidien, lorsqu’elles apparaîtront comme à leur habitude vous allez petit à petit être en mesure de vous en défaire, de ne plus vous identifier à elles, de les désamorcer.
Tout est changement et surtout, tout est possible.
Alors à vos plus beaux possibles et déjà celui d’être pleinement soi.

À propos de l’auteur
Alexia Michel
Je m’appelle Alexia Michel et je suis la fondatrice de Yoga & Peanut Butter. De la Chine en passant par l’Inde à la France, du marketing digital au yoga, de l’anorexie à la guérison… je vous dis tout dans l’onglet “qui suis-je”.