Yoga & Peanut Butter

Alimentation émotionnelle : la comprendre et y faire face

alimentation émotionnelle

L’alimentation émotionnelle est présente chez la plupart d’entre nous. Manger ses émotions n’est pas forcément signe d’un TCA, nous avons tous une relation particulière avec la nourriture. Mais il est utile d’en comprendre le mécanisme et d’apprendre à reconnaître les signaux de la faim émotionnelle, pour vivre avec sans qu’elle nous fasse souffrir par des comportements compulsifs néfastes. 

Voyons ce qu’est l’alimentation émotionnelle, et comment y faire face pour, non pas chercher à totalement l’éliminer, mais l’accepter dans notre vie. Nous verrons que le yoga est un outil thérapeutique bienvenu pour parcourir le chemin vers une alimentation émotionnelle apaisée et sans risques.

Qu’est-ce que l’alimentation émotionnelle ?

Définition de l’alimentation émotionnelle 

On en parle beaucoup de part l’expression « Manger ses émotions », cela vous parle forcément, non ? L’alimentation émotionnelle, c’est le fait de se nourrir, de se tourner vers des aliments en étant plus ou moins dictés par ses émotions plutôt que d’écouter ses sensations de faim et de satiété. Lorsqu’on parle de chocolat, de petits gâteaux ou de glace devant la TV un soir de chagrin ou de stress. Vous voyez ce que je veux dire ? Le réconfort ultime et instantané.

La faim émotionnelle est à distinguer de la faim physique, physiologique, la faim la plus « naturelle », qui consiste à manger pour nourrir les besoins physiologiques de son corps. 

Les émotions ont un impact fort et assez direct sur notre manière de nous alimenter. Mais l’effet inverse prend aussi son importance et il y a une réciprocité. Ce qu’on mange va également impacter nos émotions. Cela forme un vrai lien entre l’alimentation et l’émotionnel. Un lien intime, mais aussi chimique ! Et parfois, un cercle vicieux entre ces deux éléments lorsque cela déborde et nous dépasse en prenant plus de place et de poids.

Les causes de l’alimentation émotionnelle

Comme son nom l’indique, l’alimentation émotionnelle est ce lien particulier tissé entre nos émotions ressenties et notre manière de manger, de choisir nos aliments. 

Le fait de manger ses émotions est finalement bien plus répandu qu’on ne le pense, et on peut d’une certaine manière, se rassurer car nous ne sommes pas seules, et ça n’est pas totalement « anormal ». 

Chacun d’entre nous possède sa propre relation avec l’alimentation. Qu’elle soit apaisée, fluide ou un peu plus difficile. C’est le cas lorsqu’on souffre de TCA : anorexie mentale, boulimie ou hyperphagie notamment. Les comportements compulsifs, souvent diagnostiqués en lien avec l’alimentation émotionnelle relèvent parfois d’un trouble alimentaire où en sont la cause. 

Les causes de l’alimentation émotionnelle sont, comme on s’en doute : les émotions. 

Elles sont induites par un processus chimique et influx nerveux dans les neurones via des neurotransmetteurs et hormones. Chacune a des propriétés et une action émotionnelle et comportementale (dopamine, sérotonine, adrénaline…) . 

Qu’elles soient positives ou négatives, les émotions ont un impact et une influence sur notre alimentation. Quand on est fatigué, stressé, triste, angoissé, ou lorsqu’on est heureux, détendu, joyeux, nos choix alimentaires suivent ces ressentis. 

De multiples causes entrent donc en jeu dans l’alimentation émotionnelle, la plaçant au cœur de notre quotidien. Car nous avons continuellement des émotions, des sentiments, et chaque jour la nécessité de nous nourrir.

Les symptômes de l’alimentation émotionnelle

Manger ses émotions n’est pas quelque chose de grave en soi, du moment que cela est occasionnel, et que ce comportement ne devient pas permanent, chronique, allant jusqu’à créer un véritable TCA.

L’alimentation émotionnelle est même pour ainsi dire, naturelle, normale. Ce qui n’est pas normal, c’est lorsque ces comportements deviennent obsessionnels, compulsifs, et dangereux pour la santé physique et mentale de la personne. 

Il est alors important de reconnaître les signaux qui pourraient alerter en cas d’alimentation émotionnelle « anormale » et inquiétante. Ceci afin de mettre en place les accompagnements, soins, aides nécessaires au traitement de ce trouble alimentaire compulsif.

Les signes physiques et comportementaux 

L’alimentation émotionnelle est différente de la faim physique que l’on ressent lorsque l’estomac gargouille, que le ventre se creuse. Ce sont des signes de faim réelle et physiologique, le corps a besoin et réclame de manger pour continuer de fonctionner. 

L’alimentation émotionnelle se reconnaît à des comportement où on mange sans forcément ressentir de faim physique, c’est une faim psychologique, nos émotions nous conduisent à faire des choix alimentaires particuliers (sucreries, aliments doudou) qui vont nous apaiser. 

La faim émotionnelle amène parfois la personne à manger rapidement, sans pleine conscience, sans écoute du corps. Les aliments sont ingérés de manière « automatique », et avec un regard purement tourné vers l’objectif : « se réconforter, apaiser l’émotion ressentie de manière immédiate ». 

Dans les cas d’alimentation émotionnelle excessive cela peut conduire à des compulsions alimentaires voire même de l’hyperphagie. Les personnes souffrant de ces troubles alimentaires vont alors cacher de la nourriture, se cacher pour manger, éviter les réunions familiales ou événements sociaux. Ceci pour échapper aux situations « à risques » qui pourraient provoquer des crises de compulsion, ou pour cacher son sentiment de honte, de culpabilité face aux autres.

Les symptômes psychologiques et émotionnels

Bien que l’alimentation émotionnelle puisse procurer un soulagement temporaire de ses émotions ressenties telles que le stress, l’anxiété, la tristesse, elle ne les traite pas de manière sous-jacente. 

Elle ne fait que poser un pansement sur la plaie, sans la cicatriser en profondeur. Cela reste alors une blessure fragile et sensible qui se rouvre dès qu’une nouvelle situation difficile se présente.

Dans plusieurs cas de figures d’alimentation émotionnelle, le fait de manger pour apaiser une émotion, se réconforter, se calmer, peut aggraver l’état initial. En fait, on associe souvent un sentiment de culpabilité, de honte suite à ces comportements, et donc cela ne fait que perpétuer le cycle et le cercle vicieux, car la culpabilité induit de la tristesse, colère, que l’on cherche à combler par…la nourriture. Et ainsi de suite, jusqu’à tomber dans un engrenage et souffrir de conséquences aggravées sur l’état de santé mentale physique.

Les conséquences de l’alimentation émotionnelle

En vérité, presque tout ce que nous mangeons est « émotionnel », parce que la nourriture nous apporte du plaisir et fournit une expérience, donc ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais l’alimentation émotionnelle peut souvent se transformer en culpabilité et en honte, et c’est alors qu’elle peut devenir problématique et néfaste au quotidien.

Les effets sur la santé physique 

Lorsque nous mangeons en réaction à une émotion, on se retrouve dans un état quelque peu « hypnotique ». Seule notre émotion nous guide, nous dicte ce que l’on doit faire et bien souvent, ce qu’elle souhaite, c’est être apaisée par de la nourriture réconfortante. De la comfort food qui est synonyme de nourriture plus riche, plus sucrée, plus grasse. 

A force de répéter ces comportements, la réponse devient de plus en plus habituelle et automatique, et on en vient à ne plus réfléchir du tout à « quoi manger », on sait et on se dirige vers les aliments qui nous font du bien sur le moment. Ces comportements alimentaires émotionnels répétitifs peuvent engendrer sur le plan physique (liste non exhaustive) : 

  • Une prise de poids.
  • Des risques de diabète, cholestérol.
  • Des comportements compensatoires justement pour l’éviter.
  • Une perte de poids (due aux compensations).
  • Des troubles digestifs ou maladies digestives chroniques.
  • Des TCA.

Les impacts sur la santé mentale et vie sociale

L’alimentation émotionnelle tient un lien très intime avec la santé mentale et psychologique. Car, les émotions sont d’abord induites sur le plan psycho avant d’être visibles physiquement.

Il y a alors forcément des impacts notables sur la santé mentale de l’individu souffrant de compulsions alimentaires : 

  • Episodes de déprimes
  • Dépression plus aggravées
  • Changements d’humeurs
  • Insatisfaction corporelle
  • Basse estime de soi
  • TCA (boulimie ou hyperphagie)
  • Idées noires

Elle a aussi en lien étroit, des conséquences sur la vie sociale : 

  • Retrait et isolement social
  • Agressivité
  • Phobie sociale, scolaire ou professionnelles
  • Absentéisme répété
  • Faible performance au travail ou à l’école
  • Perte d’intérêt pour les activités, loisirs.
  • Eloignement familial, conjugal 
  • Incompréhension des proches

Comment faire face à l’alimentation émotionnelle

« Ecoutez vos émotions, elles ont des choses à vous apprendre ». 

Pratiquer la pleine conscience et la méditation pour identifier les émotions sous-jacentes 

Pour faire face à l’alimentation émotionnelle, il est utile d’abord de comprendre ce que sont les émotions. Il est bon de se souvenir qu’on peut les assimiler, mais qu’elles ne font que passer. Raison pour laquelle nous n’avons pas à nous identifier, nous attacher à elles. Il n’est pas utile de les retenir, ni de les rejeter. Simplement connaître, et parvenir à identifier ses propres émotions.

Pour apprendre à les reconnaître on peut : 

  • s’aider de petits exercices (la roue des émotions ci-dessous, également illustrée et expliquée dans le livre d’Alexia est un outil très utile à avoir sous la main pour savoir identifier ses émotions et parvenir à les traverser.
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  • pratiquer la pleine conscience par des exercices de respiration accessibles à tous : le pranayama, la cohérence cardiaque.
  • Pratiquer la méditation ou la relaxation pour se reconnecter au corps, ses sensations, ses maux et mots, ses besoins. Plusieurs sources et exercices sont enseignées et citées dans la méthode complète en ligne Yoga and peanut butter. 

Ces éléments participent alors à une réévaluation cognitive. Cela consiste à modifier la manière de percevoir une situation pour changer l’impact émotionnel qu’elle pourrait créer sur nous et nos comportements. On parvient à prendre de la distance par rapport au problème qui se présente avant qu’une émotion négative, et le comportement alimentaire compulsif, ne se déclenchent.

Le yoga pour faire face à l’alimentation émotionnelle

« C’est la manière dont nous nous situons par rapport à nos émotions qui nous enchaîne ou nous libère ». Jack Kornfield

Il n’est pas forcément sujet de chercher à se débarrasser ou éliminer l’alimentation émotionnelle

Celle-ci peut faire partie de notre vie. Mais c’est dans le rapport qu’on a à elle et à ses propres émotions que le travail peut se faire. De manière à mieux comprendre, et ainsi mieux gérer la survenue des émotions et leurs impacts. 

Dans la gestion de l’alimentation émotionnelle, le yoga est un outil thérapeutique intéressant. Il apparaît comme une pratique globale et complète permettant de mieux appréhender et gérer ses émotions. 

Le yoga comprend non seulement un travail physique avec les asanas, mais aussi et surtout la respiration (notamment le pranayama qui permet la reconnexion à soi et au moment présent), et la méditation pour retrouver la pleine conscience, l’apaisement et la modération. 

Ces instants passés sur le tapis sont des moments de calme, de détente physique et mentale qui viennent nourrir toutes les composantes de notre santé. Il n’est alors pas surprenant de ressentir l’influence d’une pratique du yoga régulière sur notre alimentation et nos comportements alimentaires, de manière positive et bénéfique ! 

Une étude de Alan Kristal a mis en avant le fait que les pratiquants ont tendance à moins manger en réponse à leurs émotions : stress et anxiété notamment. Grâce au yoga, on est davantage relié au corps, et aux signaux de faim, de satiété. Ceci relève de la pleine conscience, et appliquée à l’alimentation : l’alimentation en conscience

Le yoga intervient comme outil thérapeutique bénéfique et durable dans le rapport à l’alimentation globale.

Comment le yoga peut aider lorsqu’on est sujet à l’alimentation émotionnelle ?

Alexia nous dit dans son livre La Méthode Yoga & peanut butter, « s’il y a bien quelque chose qui vient perturber l’harmonie, ce sont les émotions – du moins c’est ce que nous croyons. « Manger ses émotions » n’est pas une situation agréable. Plus généralement, nous tentons d’éviter toute situation faisant intervenir des émotions désagréables. À trop les éviter, elles finissent bien souvent par prendre plus de place, parfois nous submerger… nous contrôler ? »

Il n’existe pas de solution miracle quant à l’alimentation émotionnelle devenant souffrance. En revanche, il existe des outils à intégrer, développer pour apprendre à mieux vivre sa faim émotionnelle et se libérer de ses effets néfastes et destructeurs. La pratique du yoga peut aider pour : 

  • Se reconnecter à son corps 
  • Apprendre la relation corps-esprit
  • Retrouver la douceur, l’écoute, le temps
  • Être dans le pardon, la bienveillance et la compréhension de soi
  • Prendre conscience de ses automatismes alimentaires et émotionnels
  • Aller au-delà des croyances rigides et erronées liées à l’image de soi
  • Être dans la patience et la modération
  • Apprendre à se faire confiance
  • Comprendre les moments où intervient la faim émotionnelle
  • Aller à l’encontre de la culpabilité
  • Et pourquoi pas, découvrir, s’initier au yoga de la nutrition pour s’assurer de l’absence de carence et retrouver une autre relation aux aliments.

Dans le travail avec les postures (asanas), appliquées à la libération face à l’alimentation émotionnelle, on privilégiera surtout des postures d’ouverture (du cœur, du plexus solaire) : de manière à libérer les émotions souvent enfouies et parfois profondes, ancrées.

La mise en place de solutions et d’accompagnement quand on subit l’alimentation émotionnelle permet de changer nos comportements. Pouvoir ainsi choisir de manger quand on a vraiment faim plutôt que pour étouffer une émotion. D’autant que cela fera probablement apprécier davantage vos repas. Et c’est ce sentiment de bonheur et de satiété que la nourriture devrait toujours procurer, pendant le repas et après. 

Une relation de plaisir, d’apaisement et de joie avec les aliments.  Un trouble de l’alimentation émotionnelle est souvent couplé avec un trouble des conduites alimentaires type boulimie ou hyperphagie. On n’en guérit pas sans un accompagnement professionnel sérieux et personnalisé, avec des experts spécifiquement formés à aider les patients à se sortir de ce cercle infernal.

S’en sortir, c’est possible. Vous seule pouvez le faire, mais vous ne pouvez pas toujours le faire seule. Si le problème persiste, il est important de consulter et de faire appel à des professionnels de santé ou thérapeutes pour être accompagné et aidé.

À propos de l’auteur

Manon Facon

On a tous quelque chose à dire, à montrer, à crier, à partager. De mon côté, j’écris. Parce que, quoi de mieux que le pouvoir des mots pour exprimer ses émotions, ses envies, ses passions ? C’est ma mission de chaque jour. Produire des contenus qui deviennent des lectures. Celles qui marquent et qui restent dans les esprits et les écrits.